d'Istamboul à la frontière sino-kirghize,

4 mois de voyage en Asie centrale

entre avril et juillet 2006

7200 km de vélo en 72 journées de vélo

et 30 jours de flânerie autant touristique que pédestre et/ou de formalités administratives

 

cette page contient

un diaporama de 165 photos illustrant la partie turque de ce voyage de 4 mois en Asie centrale:

du 3 avril au 3 mai 2006, 1930 km en 19 jours et demi de vélo

et 6 jours et demi de visites et formalités

 

puis les courriels envoyés au long du voyage

                                                                                            

 

Courriels envoyés au fur et à mesure de la traversée de la Turquie


Jeudi 30 mars 2006


Le printemps s'est installé depuis une petite semaine. Nos trois amis sont impatients de partir. Avant de donner les premiers coups de pédales, ils souhaitaient fêter cela avec leur club cyclotouriste, c'est à dire les CycloTouristes Grenoblois, dont ils sont membres depuis plusieurs années. Il faut rappeler que c'est justement le CTG qui organise la randonnée mythique BRA. Alerté et dépêché sur place, notre envoyé spécial nous rapporte quelques photos...

Christian


Samedi 01 avril 2006 au matin à Valence

Le Grand Départ de Valence...

Ce n'est pas un poisson d'avril, le départ a bien eu lieu de Valence ce matin. La météo annonçait une journée mitigée mais elle fut trés arrosée dans tous les sens du terme. Christian et Patricia sont partis de Valence à 9h00 ou 13 Cyclos touristes Valentinois (leur ancien club) étaient présents malgré une pluie et un vent du sud assez forts. Il est à noter que 11 cyclotouristes ont gravi le col des Limouches (F-26-1086) ou une tente de réception improvisée avec une bâche les attendait pour festoyer. Vin, saucisse, fromage, dessert...


Les parents de Patricia ainsi que ses soeurs et les parents de Christian avaient bien préparé leur coup. Ce sont rajoutés d'autres amis de Valence n'ayant pas osé mouiller le vélo et qui sont montés en voiture.


Au sommet du col, superbe ambiance. Michèle Sassoulas avait même monté à vélo un "Suisse maison" (spécialité Valentinoise) en forme de dragon pour nous rappeler la destination finale. Photo du col mythique pour Christian, larme des soeurs et Patricia et Christian sont partis direction la vallée accompagnés encore de quelques courageux jusqu'à Léoncel où les Valentinois sont rentrés par le col de Tourniol (F-26-1145).


Puis Patricia et Christian sont partis de leur coté. Ils ont profité de la descente jusqu'à Saint Jean en Royans pour rattraper l'orage à Saint Romans. Du coup à 17h30 ils ont pris le train direction Grenoble où les attendait Danièle Puech, une amie du CT Grenoble, chez qui ils ont passé leur première nuit de cyclo-nomade.

Christian


Samedi 01 Avril 2006 en fin d'après-midi...


Alerté par tout ce tumulte, notre envoyé spécial s'est rendu spécialement au Col des Limouches (F-26-1086) pour y retrouver nos amis. Il n'y a plus personne, Patricia et Christian sont déjà partis... Notre reporter prend finalement la décision de ne pas les suivre, ils donneront de leurs nouvelles au fur et à mesure de leurs parcours...

Christian


Samedi 01 avril 2006 en soirée...

La revue de Presse:

Partir pour un si long périple, pendant un temps aussi long, cela n'est pas courant. En lisant la presse régionale, grâce au Dauphiné Libéré, on prend connaissance de l'article qui leur est réservé...


N'oublions pas Pierre ! Il est parti d'Albertville en train en n'échappant pas aux nombreuses gouttes de pluie entre son domicile et la gare SNCF. Notre envoyé spécial s'est longuement entretenu avec lui par téléphone lors de son transit dans la capitale des Alpes:


- Bonjour Pierre! Alors quelle est ton impression avant de partir pour un aussi long voyage autour du monde en vélo ?

- Ouais, j'n'pars pas faire le Tour du Monde en vélo! J'pars faire du vélo dans des pays musulmans pendant 6 mois !

- Pierre, les vélos de Christian et Patricia pèsent respectivement 45 kg et 41 kg. Combien pèse le tien ?

- 25 kg ou 30 kg ! Pas plus...

Christian


 Samedi 01 Avril 2006 en soirée...

Les neveux et nièces de Patricia et de Christian sont très attentifs à ce grand départ. A leur façon, ils s'expriment avec les feutres, les couleurs pour faire les plus beaux dessins... Remarquons les un instant. Ces vélos finalement transformés en tandem. "La vérité sort de la bouche des enfants !". Et si c'était vrai pour Patricia et Christian à leur retour ? Qui serait devant ? Pourraient-ils changer de place ? Dans quatorze mois, nous connaîtrons peut-être la réponse...

Christian


Dimanche 02 avril 2006 au matin...

Le départ de Grenoble

Patricia et Christian sont partis de Valence pour arriver à Grenoble. Pierre est parti d'Albertville pour arriver à Grenoble. Ce matin, c'est le grand départ. Ce sont cette fois-ci les copains CycloTouristes du CTG qui les accueillent devant l'anneau de vitesse pour le grand départ. L'endroit n'est pas choisi au hasard. Nous sommes tout près des hauts quartiers du CTG. Les réunions du jeudi soir ont lieu tout près d'ici et les connaisseurs reconnaitront le lieu du départ en pleine nuit pour la mythique randonnée qu'est le BRA. L'instant est émouvant, nos trois amis quittent la capitale des Alpes... Détails en direct, après quoi nos amis rejoindront Genève en train puis Istamboul en avion pour y séjourner calmement pendant 3 jours. La suite de l'histoire sera racontée par nos trois amis, eux mêmes...

Christian


Mercredi 05 avril 2006

Les premières nouvelles...

Après une matinée de démontage des vélos, 3 heures de vol et 2 heures de remontage, nous sommes bien arrivés à Istamboul... Nous avons trouvé des chambres à 300 mètres de Ste Sophie à 22 heures après 25 kilomètres dantesque sur la voie express.

Mardi, nous avons visité la mosquée bleue (Sultanhamet), Aya Sofya (Ste Sophie), le grand Bazar et la mosquée de Soliman le magnifique et aussi la Sublime Porte. Aujourd'hui (mercredi), nous avons parcouru le quartier de Beyoglu et visité la mosquée de Mehmet le Conquérant.

En rajoutant les bonnes petites bouffes en passant, on navigue dans le tourisme intégral et magnifique...

Demain, jeudi 06 avril 2006, on prend le bateau pour passer en Asie, court-circuiter les kilomètres de voies rapides de la sortie d'Istamboul et attaquer la route en vélo...

A bientôt sur le net...

Pierre-André


Jeudi 06 avril 2006

Des nouvelles d'Iznik

Le message reçu ce soir est tout d'abord technique. Nos trois amis ont du mal à utiliser internet. Patricia est incapable de lire son courrier. En cas d'urgence, lui faire un message à son intention chez Christian. L'adresse n'est pas dévoilée ici mais vous devez la connaître. Si ce n'est pas le cas, contacter la réalisation de ce site pour connaître l'adresse mail. Nos trois amis ne peuvent pas accéder au site que vous consultez actuellement, ils ne répondront pas aux messages que vous écrivez sur la Tribune. Pour lever ces problèmes techniques, la cellule de réalisation essaye de rentrer en contact avec eux pour savoir ce qu'ils n'arrivent pas à faire...


Sinon, nous sommes partis à 11h30 de Yenikapi en ferry-boat, nous sommes arrivés à 12h45 en Asie, à Yalova. Après une côte à 326 mètres d'altitude, nous avons quitté les camions de la grande route Yalova-Bursa pour longer le lac d'Iznik (anciennement Nicée) pendant 40 kilomètres. Ce soir, nous sommes (une dernière fois) à l'hôtel chez le truculent Ali Bulmus...

Pierre-André Sonzogno


Mardi 11 avril 2006

Nouvelles de Konya à 20h00

Au départ d'Iznik le patron a tenu à nous photographier et nous sommes sur la page d'accueil de son site. Vous pouvez aller voir sur http://kaynarca.net. Allez-y voir. Après une visite matinale de la ville des premiers siècles après Jésus-Christ, nous sommes partis vers 10h00 dans la montagne, à 500 mètres puis 800 au sommet de côtes très raides et de plusieurs kilomètres à chaque fois. A Bilecik je perds une sacoche qu'un camion écrase. Bilan: un réchaud camping-gaz, 2 recharges, un tube d'anti-moustique et deux dosettes de bétadine réduites à peu de choses: pas grave! On couche au bord de la route après 76 km.


Le 08 avril 2006, on repasse par la montagne pour éviter la circulation (1200 mètres sur le plateau anatolien). On couche près de l'abreuvoir sous la route après avoir salué 4 bergers (et leurs moutons). Nuit de courants d'air frais après 97 km...


Le 09 avril 2006, on prend les chemins de traverse pour aller chercher le mausolée de Midas (souverain phrygien). Petites routes (40 km au nord d'Afyon) sous un ciel bien bas. Au moins il ne fait pas trop chaud! Après quelques chiens de berger (mais j'aboie plus fort qu'eux) et un arabe saoudien vendeur d'appareils photo on visite le site historique inconnu du guide du routard. Vers 14h00, on demande une épicerie dans un village et on se retrouve à table, invités par une dame turque née en Belgique: soupe de lentilles, riz à l'agneau, crudités, yaourt piquant et jus de cerise en boisson: le paradis! A Cifteler on prend un bus pour Eskisehir puis un autre pour Ankara. On couche à l'otogar (la gare routière)


Hier, lundi 10 avril 2006, on a fait les ambassades du Turkménistan, de France pour avoir une lettre de recommandation et celle du Pakistan. Le soir, on visite la citadelle. Resto, Hôtel...


Ce jour, on tente la Chine et le Pakistan. A savoir que les ambassades françaises à l'étranger ne donnent de lettres que pour les pays limitrophes aux pays où elles résident...

Ce sera bon le 20 avril 2006 pour le visa turkmène et on reviendra les chercher à Ankara...

Après 3 heures de bus on est a Konya capitale de Mevtlaana et des derviches tourneurs à l'hôtel Usula.

La suite après la bouffe...

PA (c'est à dire Pierre-André et non pas Patricia)


La suite, dont parle Pierre-André, ce sont deux montages photos qui sont proposés ci-dessous. Il a été demandé à nos trois amis cyclotouristes de nous envoyer des photos originales afin qu'il ne soit pas nécessaire de faire des montages comme ceux-ci et d'avoir des bonnes photographies de bonne qualité...


Mercredi 12 avril 2006

Nouvelles d'Aksaray

Aujourd'hui entre Konya, ville de Mevtlaana et des derviches tourneurs et Aksaray porte d'entrée en Cappadoce nous avons fait 154 km de 9 à 19 heures avec visite au passage de Sultanhani, le plus grand caravansérail de Turquie (XIIIème siècle). Merci au parcours à peu près plat et au vent arrière sous un ciel toujours aussi couvert mais qui reste encore bien accroché la-haut.

Demain la pluie ?

Pierre-André


Mercredi 19 avril 2006

Nouvelles de Sivas

Le jeudi 13 nous avons quitté Aksaray pour aller rejoindre la (très) touristique vallée d'Ihlara à 46 km. Après un bon petit repas au restaurant du camping de Belisirma, tenu par un turc ayant travaillé à Grenoble et disposant d'au moins 3 emplacements de tente, nous avons arpenté le site d'Ihlara à pied pendant 4 heures, d'un monastère troglodyte à une église du même principe et réciproquement, magnifique jeu de pistes, guide(s) en main et nez en l'air.

La nuit fut constamment animée par le chien de la maison.


Le vendredi 14 au matin nous avons escaladé sous une petite pluie fine les 2 km pour remonter à 15 pour 100 en direction de Güyzelyurt, village aux vieilles maisons grecques. Enfin un col homologable car pourvu d'une pancarte: le Sivrisilar Gecidi à 1770 mètres. Puis un second à 1620 mètres avant d'arriver sur le plat à Derinkuyu et ses cités souterraines, refuges contre les envahisseurs: labyrinthe sur 7 niveaux, escaliers et guide bien indispensable. Nous y avons cotoyé 3 francophones (un couple et sa petite fille) qui se révélèrent être des lyonnais qui nous avaient doublés plusieurs fois et souhaitaient mieux nous connaître. Nous avons donc tous (y compris les vélos) embarqués dans leur camping-car pour aller passer la soirée avec eux 30 km plus loin, à Zelve.


Le 15 au matin nous sommes allés faire un peu de chemin de terre aux alentours de Cavusin: toujours des églises troglodytes avant de parvenir au deuxième grand site de Cappadoce: Göreme. En fin d'après-midi quelques kilomètres à velo pour descendre parmi les cheminées de fée de la vallée du Devrent soit 38 pour cette (petite) journée de vélo (mais grosse journée de tourisme).


Le dimanche 16 au matin visite du site proprement dit du musée en plein air de Göreme parmi les groupes de Japonais et de Turcs qui s'entre-photographiaient dans une bonne ambiance de (vraie) mondialisation. Des monastères et des églises classés au patrimoine mondial de l'humanité, s'il vous plaît. L'après-midi nous tentons le passage par la montagne, c'est-à-dire le plateau d'Aksalur à 1500 mètres: les pentes sont hallucinantes et nous poussons les vélos sur au moins 2 kilomètres. Le vent nous accueille au sommet mais la traversée de ces vignes et autres cultures fruitières avec, en point de mire, un beau volcan culminant à plus de 3900 mètres , nous promènera pendant de bien belles heures, toujours accompagnés par les saluts des agriculteurs qui s'affairent dans leurs champs en ce dimanche. Nous campons derriere une station-service après 49 kilomètres.


Le lundi 17 nous traversons la grosse agglomération de Kayseri où je fais réparer en un quart d'heure mon crochet de sacoche cassé quelques jours plus tot. Nous tentons une première fois de changer nos travellers checks.

Après un petit col (trop) roulant nous ratons le deuxième sultanhani (caravansérail) de notre traversée de Turquie tellement nous avançons vite. Après les commissions du soir nous nous réfugions derrière un réservoir d'eau (pour l'irrigation) et passons un nuit tranquille près de Gemerek après 120 km.


Hier, mardi 18 nous ne trouvons plus grand chose à manger dans la journée sur une pourtant assez grande route qui nous conduit à Sivas après 112 km de routes faciles et peu encombrées de camions et donc de resto pour routiers. Heureusement nous avions de l'eau (en bouteille). Je prends une chambre à l'hôtel en prévision des 2 prochaines nuits que je compte passer dans les bus et mes acolytes vont coucher dans la nature.


Ce matin nous nous sommes retrouvés devant la poste et avons réussi à changer des travellers mais au prix d'une commission de 25 liras sur 160 (équivalent de 100 Euros) et d'une bonne heure d'effort. Actuellement nous sommes sur 2 ordinateur dos à dos.

Ce soir (à 24 heures) je prends le bus pour Ankara, histoire d'aller remettre nos passeports à l'ambassade turkmène demain vers 9 heures. Je devrai les récupérer vers 17 heures avec le précieux visa (50 dollars) et me repayer 7 heures de bus pour revenir ici dans la nuit de jeudi à vendredi et après il faudra que je prenne un autre bus pour rejoindre Christian et Patricia sur les bords de la Mer Noire (Giresun).

Demain à Ankara j'essayerai d'envoyer quelques photos: j'aurai plus de temps.

Pierre-André


Jeudi 20 avril 2006

Nouvelles d'Ankara

Quelques commentaires (pendant que j'y suis, à Ankara et que je dois attendre 17 heures pour aller rechercher nos passeports AVEC les visas turkmènes que j'ai payés ce matin par l'intermédiaire d'une banque locale; 51 dollars chacun):


Remerciements (suite) :

D'abord comme c'est trop compliqué vu mon clavier turc de m'exprimer dans la tribune d'expression je remercie ici pour leurs encouragements Guy Pouget, Jean Marc L. et les autres que je ne connais pas forcément. Quant à Michel et Mireille, s'ils ont l'occasion de venir m'accueillir à mon retour, j'espère qu'ils m'attendront beaucoup moins longtemps que pour Paris-Brest ou j'avais une journée de retard sur mon horaire le plus optimiste.


Atmosphère, atmosphère;


Le printemps turc est idéal pour le vélo: petite fraîcheur le matin où on rajoute les coupe-vent et, dès la première côte on enlève le surplus et on baisse le rythme pour ne pas trop transpirer. Vu la charge des vélos, c'est facile! Quelques gouttes de pluie de temps en temps mais pas de quoi mettre un imperméable. Quand il y a du soleil il a le bon goût de se couvrir rapidement et ne tape donc jamais trop fort (mais les ultraviolets ont fait leur effet sur le crâne de Christian et les joues de Patricia).


Le relief:

On choisit souvent la difficulté c'est-à-dire les routes de montagne qui sont ici très, très pentues: on termine les passages les plus durs à pied. La direction locale de l'équipement n'hésite pas à tirer perpendiculairement aux lignes de niveaux d'où des pourcentages impressionnants sur plusieurs centaines de mêtres. Faut alors savoir rester humble! Par contre, sauf passage obligé aux abords des grandes (ou moins grandes) villes comme Yalova, Bilecik, Eskisehir, Konya, Kayseri ou Sivas, on n'a que peu de circulation; c'est à dire quelque chose de l' ordre du raisonnable.


La circulation:

Il y a une bonne bande à droite de la ligne continue qui borde la route et elle est peu gravillonnée car empruntée par beaucoup de tracteurs qui, de ce fait, la nettoient. Les camions (et les voitures) vont vite mais les chauffeurs conduisent juste même s'il ne clignotent jamais et passent toujours en force: faut avoir vu, à Ankara, les tentatives d'intimidation entre piétons groupés qui veulent traverser et la meute motorisée. Au total bonne sécurité si on reste bien à droite, surtout que l'avertisseur sonore est systématique, à la ville comme à la campagne comme salut ET avertissement (s'il y a quelqu'un en face ou que le véhicule est en train d'être doublé par un autre).


Les Turc(que)s:

C'est la bonne surprise! Il y en a beaucoup par ici et ils ont l'excellente habitude de saluer les cyclos qui passent: gestes de la main et 'encouragements' ou mots de bienvenue, on ne sait pas trop mais c'est toujours accompagné d'un immense et franc sourire qui ne peut tromper personne de la part des hommes comme des femmes, des conducteurs comme des passagers des bus, camions, voitures ou tracteurs sans compter les paysans, bergers gardant leurs moutons ou leurs vaches ou agriculteurs travaillant dans leurs champs, ils s'y mettent tous avec un entrain remarquable et quand on répond par un geste ou un 'gunaydin' (bonjour) ou un 'merhaba' (salut), c'est du délire enthousiaste de leur part. C'est vrai que quand ils constatent la présence d'une femme (Patricia met un foulard sur la tête pour se protéger du soleil, l'étiquette ne l'y obligeant pas encore puisque nombre de femmes vont tête nue ici mais elle est ainsi identifiable) ça rajoute une couche de stupéfaction qui pousse à la réaction nos hôte(sse)s.

En ville, comme on dit, et, une fois écarté le coté commercial de l'accueil, il reste une énorme sympathie, un besoin évident de souhaiter la bienvenue à ces étrangers que nous sommes, à les aider puisqu'ils ont toujours l'air de chercher quelque chose avec leurs guides à la main et leurs controverses internes sur ce qu'il convient de faire (ou pas) et quand on discute un peu en anglais, plus souvent ' mais toujours un peu ' en allemand et beaucoup par gestes, ce sont des remerciements réciproques: on a appris à dire bonjour, merci et s'il vous plaît et on trouve de l'aide pour toutes nos démarches; exemple: un piéton qui sait où se trouve notre hôtel à Aksaray, hèle un autre Turc à vélo, lui explique la marche à suivre pour qu'il (le cycliste) nous y emmène à 500 mêtres de là.

Quand on discute plus longuement et qu'on avoue bien volontiers que la Turquie est très jolie et les Turc(que)s sympathiques on a droit aux poignées de main de toute l'assistance et ça n'a pas l'air d'être du cinéma.


Les sites touristiques:

A voir sûrement même s'il faut payer parfois 10 liras turques (6 Euros) pour l'Aya Sophia, le musée en plein air de Goreme,les abris souterrains de Derinkuyu ou la vallée d'Ihlara et parfois autant (par personne) pour un guide en excellent francais (Derinkuyu):


Les autres cyclos:

Dès l'hôtel du premier soir à Istamboul nous avons rencontré un jeune couple de hollandaise parti d'Amsterdam en vélo depuis un mois pour la Route de la soie.

A Ankara dans le quartier des ambassades on a croisé un Suisse avec vélo à remorque qui comptait emprunter le même itinéraire et un italien qui correspondait sur internet avec le précédent et voulait faire, devinez quoi? Et bien la Route de la soie, bien sûr!

C'est une autoroute internationale pour vélos... Sans compter nos 3 Lyonnais en camping-car partis pour un an mais sur des variantes car les taxes sur les véhicules à moteur rendent cet itinéraire prohibitif!




Les rencontres imprévues:

Dans la nuit du premier soir nous hélons un passant qui se trouve travailler en France, y exercer 2 métiers (dans le commerce évidemment) et nous attribuent 2 cartes de visites professionnelles.

Un Turc en voiture qui s'arrête et nous fait arrêter dans une côte pour nous dire qu'il à travaille en Allemagne: ce sera ensuite un leitmotiv dans nos rencontres en ville.

A Istamboul dans le quartier moderne de Beyoglu, une jeune rouquine (et rougissante) de Creil accompagnée de son Turc préféré (et aussi jeune) et qui nous confie attendre les papiers pour pouvoir se marier. Le pétulant Ali Bulmus déjà cité et photographié.

Les 4 bergers et leurs troupeaux qui se succèdent à l'abreuvoir vers Sarayören.

Un Arabe saoudien qui redescend chez lui par la Syrie avec sa camionnette remplie d'appareils photo (il s'était arrêté pour nous en vendre un) et qui pratique un massage crânien sur Patricia dont je n'ai pas encore compris l'intérêt (mais ça ne me regarde pas tellement!).

Le baptême chez les Turcs de Belgique et leur repas de fête.

A Ankara, un poète turc qui écrit en français et connait tous les ambassadeurs de France successifs par lesquels il a essayé de se faire éditer.

Le contrôleur des entrées du caravansérail de Sultanhani qui s'amène pour nous faire payer à la sortie après avoir raté une vingtaine de clients avant et pendant notre visite.

L'employé des Postes de Sivas qui quitte le sien, de poste, pour emmener Christian et Patricia dans des banques pour essayer de changer des chèques de voyage et s'excusera mille fois de la faiblesse de l'infrastructure de sa ville à ce niveau, d'où d'ailleurs quand on ne sait pas faire, la lourdeur du procédé et les 25 liras (sur 160) de commission 8 pour la banque, pas pour lui).


La grippe aviaire:

On lutte de toutes nos forces contre la chute du marché de la volaille en mangeant du poulet (tavuk doner, tavuk sis, tavuk kebab, tavuk dunum) pratiquement tous les jours et les premiers temps, à l'hôtel un oeuf dur chaque matin.

On évitera quand même de coucher dans les poulaillers quand on se fera héberger chez l'habitant.


Les 'émeutes kurdes':

On les a raté fin mars début avril et maintenant qu'on tire droit vers Trébizonde (Trabzon) on n'en verra plus qu'en Iran. Et la suite un autre jour: on devrait moins trouver de café-internet maintenant et surtout on aura moins de temps pour nous épancher sur nos bonheurs...

Pierre-André


Dimanche 23 avril 2006

Nouvelles de Trabzon (autrefois Trébizonde sur la Mer Noire)

Après avoir donné de nos nouvelles depuis Sivas, j'ai accompagné Christian et Patricia sur la route d'Erzincan jusqu'au premier col avant de faire demi-tour pour attendre minuit et le bus Mercedes pour Ankara. A 7 heures du matin je me retrouvai donc à l'otogar d'Ankara après 450 km dans la nuit. Après 2 heures 30 de marche jusqu'à l'ambassade turkmène je retrouvai notre employé préféré à qui je donnai nos passeports et lui rappelai que nous avions déposé des demandes de visas de transit de 5 jours (2 au 6 juin). Ne me restait plus alors qu'à aller payer 3 fois 51 dollars à une banque du quartier et attendre 17 heures pour retirer les passeports. J'en profitai pour vous envoyer quelques commentaires sur différentes ambiances. En possession des passeports à 17 heures 15 remis avec le plus grand sourire de notre ami turkmène, je retournai à l'otogar pour voyager dans le sens inverse de la nuit précédente entre 22 heures et 5 heures du matin cette fois-ci. A l'otogar de Sivas j'attendis le minibus de 10 heures pour Shebinkarahisar où j'avais rendez-vous avec mes 2 collègues. En fait je les ai doublés vers 13 heures et je suis allé au terminus pour y remonter mon vélo et revenir avec quelques victuailles à leur rencontre: Ils avaient fait de dures étapes mais avaient pris l'ancienne route non goudronnée de l'étape du jour et étaient bien contents de leur périple (et bien fatigués aussi).


Hier samedi nous avons attaqué ensemble un muletier et au bout de 3 heures et 15 kilomètres nous nous sommes retrouvés à 1400 mètres devant un névé (amas de neige résiduel) de 30 mètres de long et 3 mètres de haut sur la route. J'ai estimé qu'il était inutile d'aller plus loin, le col étant à 2260 mètres. Eux ont préféré aller voir plus haut. On s'est donc donné rendez-vous sur les bords de la Mer Noire où je suis arrivé vers 22 heures après être passé vers 17 heures à 2200 mètres (mais sur le goudron, moi) et avoir fait 80 kilomètres de descente et 2 heures de route de nuit soit une étape de 170 km (merci Mr Shimano pour votre dynamo).


Aujourd'hui j'ai longé ladite mer sur 130 km de Giresun à Trabzon (beaucoup de camions surtout entre 13 et 15 heures et de la petite pluie fine toute la journée et une seule miniaverse de 5 minutes) et j'attends des nouvelles des 2 autres (quand ils auront retrouvé la civilisation et internet qui en est le complément indispensable). Chaude ambiance dans la traversée des villes aujourd'hui: c'est l'anniversaire de la première réunion de l'assemblée nationale turque en 1920 et en même temps la fête des enfants: d'où des défilés des écoliers avec tambours et trompettes. Rajeunissant puisque ca n'existe plus chez nous depuis les années 50!

Pierre-André


Lundi 24 avril 2006

Nouvelles de Gümüshane (entre Trabzon et Erzurum)

J'ai retrouvé par internet les 2 autres qui ont maintenant une étape de retard sur moi (ils sont ce soir à Trabzon d'où je suis parti ce matin) après leur épopée en montagne: ils ont eu froid et moi je me suis préparé une vieillesse rhumatisante sous les bruines de la Mer Noire.


Parti à 8 heures et quelques du niveau de la mer je suis monté en 55 km à 1800 mètres pour redescendre sur Gümüshane (1100 m). Comme toujours la montée se passe bien puisqu'on s'y réchauffe et qu'on a le temps de s'arrêter pour se déshabiller en fonction de la bruine, de la brume ou du brouillard. Après le col il faut vite s'habiller un max pour descendre et même en le sachant je me les suis encore gelées pendant une heure. Après on se réchauffe dès qu'on recommence à pédaler. Une centaine de kilomètres et 2 invitations (acceptées avec joie) à boire le thé avant et après le col.

2 cols à plus de 2000 d'ici à Erzurum où il fait 2 degrés d'après Christian. On verra en route: je pars devant et on prendra peut-être des bus ?

Pierre-André


A ton intention Jean-Philippe: encore merci pour ton aide. On tape nos petites histoires très très vite parce qu'on a besoin d'aller se coucher. J'essaye d'éviter au max les caractères spéciaux. Est-ce que c'est mieux qu'au début ou y a-t-il encore des astuces à trouver?


Réponse de Jean-Philippe: C'est très bien comme cela. Tu écris comme tu peux, le but est de donner des nouvelles, je rajoute les caractères accentués et tout va bien... Bon voyage


Mardi 25 avril 2006

Nouvelles d'Erzurum

Ce mardi 25 je suis parti vers 8 heures 20 de Gümüshane pour monter aussi tranquillement que possible sous un petit frimas avec de la neige fraîche à 100 mètres d'altitude au dessus de Gümüshane, la ville de départ. A un kilomètre sous le col (kilomètres 35 environ j'étais en maillot cyclo à manches courtes mais j'ai du enfiler ma veste Goretex pour franchir le col à 1875 mètres. Je me suis alors complétement rhabillé (un pantalon en polaire fine et un pantalon coupe-vent sur le pantalon de coton du départ pour le bas et une veste polaire et la veste Goretex pour le haut et les gants de ski de fond). J'avais déjà rajouté les chaussettes de laine à mi-montée. A mi-descente j'ai déballé tous mes vêtements pour aller chercher au fond d'une sacoche un passe-montagne (merci encore Herve P.) car une méchante bise me criblait la peau. La première voiture qui passe alors s'arrête et son chauffeur me demande en très bon allemand (contrairement à l'habitude ici ou les expatriés baragouinent plus qu'ils ne parlent allemand): "Brauchen Sie Hilfe?" (Avez-vous besoin d'aide?) "Nein, Danke sehr!" (Non merci en allemand) et "Tessekür ederim" (merci beaucoup, en turc cette fois). Résultat: 80 kilomètres tranquilles par un beau temps d'hiver.

En route presque personne, la météo annonçant 2 degrés dans la région d'Erzurum (1950 mètres). Au passage devant un bistroquet dans la montée on m'invite du geste et de la voix (tea!) à venir boire un thé: les questions habituelles "D'où êtes-vous ?" "Où allez-vous ?" "D'où venez-vous ?" "Etes-vous mariés ?" et "Avez-vous des enfants ?" et puis spontanément mon hôte m'indique que la route Bayburt-Erzurum est praticable en car mais pas en vélo car il y aurait 10 centimètres de neige sur la route. Je l'ai cru et arrivé à Bayburt constatant sur internet que je ne pouvais toujours pas savoir ou étaient mes collègues et que je commençais à avoir froid (et oui dès qu'on arrête de pédaler...) je décidai de prendre le bus pour Erzurum à 17 heures et j'y suis donc maintenant à interroger internet.

On ne voit pas très bien ce qu'on peut faire par un temps pareil. Visiter les musées peut-être ?

Pierre-André


Mercredi 26 avril 2006

Commentaires sur les vaccins, les chiens et les visas...

Je me suis trompé quand j'ai attribué ma grosse fatigue de fin mars à un virus que j'avais baptisé "chikoungougne". Ma voisine de Savoie qui connait quelqu'un qui a fait une grosse réaction au vaccin contre la rage m'a convaincu que c'était cela: 3 jours et 4 nuits dans la torpeur à ne pouvoir avaler que des pommes cuites et des bananes avec des poussées de fièvre à 40°C.

J'en profite pour vous dire qu'il faut compter une quarantaine d'Euros non remboursés par injection (3 pour la rage et une pour la typhoïde par exemple). Faut avoir envie d'aller à Erzurum attendre que la neige s'arrête de tomber...


Les chiens: je finis par m'y habituer et je ralentis pour les apostropher ... Ils cessent alors de me prendre pour une vache emballée qu'il faut ramener au troupeau et s'arrêtent de me foncer dessus en aboyant.

Cela reste quand même impressionnant quand ils foncent à 200 ou 300 mètres en aboyant un max malgré les sifflements de leurs maîtres. Heureusement ceux-la ne sont pas censés être enragés mais une morsure peut quand même compromettre notre voyage...


Les visas: il faut compter entre 35 et 60 (voire plus) Euros par visa. Le surcoût en voyage en bus pour Ankara pour les visas turkmènes aura été de 39 Euros (soit 13 Euros par visa puisqu'on est trois mais ça aurait été la même chose pour un seul).


J'aperçois un rayon de soleil dehors et il semble qu'il ne neige presque plus (la météo prévoit 12 degrés ici cet après-midi. Ca s'arrange...

Pierre-André


Vendredi 28 avril 2006

Le regroupement...

Donc, après l'après-midi du 26 avril à visiter Erzurum sous la neige (une grande avenue est-ouest avec tous les monuments et les magasins ultramodernes et derrière des quartiers plus populaires avec les restos et boutiques plus traditionnelles) j'ai repris une chambre dans un autre hôtel près des cafés internet. Hier, jeudi 27 avril 2006, j'ai refait la visite de la grande mosquée du XIIème siècle, des médreses (écoles coraniques) et autres tombeaux mais sous un peu de soleil cette-fois-ci. Je savais par les relations tissées sur la Toile avec Christian et Patricia que nous étions d'accord pour nous retrouver ici; mais quand cela sera-t-il faisable? il y a 120 kilomètres avec un col à 2300 mètres pour que mes compères relient Bayburt à Erzurum. Finalement je gardai ma chambre à l'hôtel jusqu'à ce matin où le temps restait cette fois au beau mais (très) froid. J'en profitai pour aller compléter la révision de mon vélo au rond-point d'entrée dans la ville où nous nous retrouvâmes à 3 vers 10 heures. D'où la troisième journée de touriste pour moi dans cette ville, base avancée de la Turquie vers la Russie au cours de l'histoire et siège de la première réunion de l'assemblée nationale turque en 1919 et où l'on nous répète que nous sommes mal renseignés en France sur l'alliance entre les Arméniens et les Russes pendant la guerre de 1914.

Ces arguments, je n'ai pu les comprendre que parce qu'ayant vaguement cru entendre parler français devant la Grande Mosquée (Ulu camii), j'ai pu inviter à boire un thé deux jeunes lillois qui parlaient turc.

Sinon je dois me contenter de prendre des photos, d'essayer de décrypter dans mon dictionnaire les panneaux explicatifs des monuments et d'observer la foule qui s'agite en tous sens car pour ce qui est d'une véritable conversation je ne dépasse pas le niveau de m'approvisionner en eau, pain, fromage, biscuits et salami ou à demander où se trouve tel monument.

L'avantage c'est que je peux ainsi m'apercevoir que ce qui compte pour les Turcs c'est qu'on s'arrête un moment avec eux pour boire un thé et se parler sans forcément un objectif pratique.

Apparemment ils sont très nombreux dans chaque boutique ou service (resto, cafés, coiffeurs) et ils n'ont que peu de clients donc du temps à gagner à échanger avec n'importe qui et pourquoi pas sur des banalités. Ils sont surpris (et manifestement déçus) quand on refuse une invitation à boire un thé, ce qui a lieu généralement dans la rue et sans préambule quelconque.


C'est ainsi que j'ai fait la "connaissance" du voisin de l'hôtel dans le magasin duquel mon vélo est resté garé 2 jours et qui m'a fait comprendre qu'il était chercheur de trésor (dans les tombes apparemment) avec beaucoup de difficultés car il faisait beaucoup de fautes d'orthographe en écrivant les mots et, quand on n'a pas la bonne entrée dans le dictionnaire, c'est très laborieux (et en plus je ne savais pas s'il parlait de lui ou de moi et je lui ai même montré mes photos en les désignant comme un trésor accumulé).


J'ai aussi dialogué avec l'épicier voisin (au boulot de 9 à 22 heures) qui m'a fait demander par son gamin de fils en anglais de m'emmener avec lui dans mon voyage.


Le troisième personnage, Suleyman, est un marchand de fruits secs de 56 ans qui a travaillé 12 ans en région parisienne et connaît quelques mots de français: 2 ans dans le bâtiment puis chez Talbot, Simca et enfin Peugeot. C'était un vrai plaisir pour chacun de nous de passer une heure ensemble à siroter sans parler de rien de vraiment important...


Faut peut-être savoir "perdre" son temps pour connaitre le prix de la relation la plus simple qui consiste à demander à l' autre qui il est ?

A bas le flux tendu (cap à l'est et avançons car sinon on sera en retard)...


Christian et Patricia sont à côté en train d'essayer de réduire le format de leurs photos pour pouvoir les envoyer et vers 18 heures on a rendez-vous à l'hôtel (le troisième pour moi à Erzurum en 4 nuits) avec un Turc étudiant en français depuis 2 ans, qui a postulé à l'université de Grenoble pour l'année prochaine et qu'on a rencontré devant une médrese tout à l'heure.


Demain on se remet en route puisque le temps redevient roulable après cette pause pour nous dégeler...

Pierre-André


Dimanche 30 avril 2006

Nouvelles de Kagizman

Donc nous sommes repartis hier samedi d'Erzurum vers 10 heures. Après la neige, la pluie du genre petite et fine est constante toute la journée. De quoi n'avoir rien d'autre à faire que d'avancer vers l'est. Avec au passage un regard admiratif pour le pont de Cobandede vestige de la route de la soie et construit vers l'an 1300. Jusqu'à 16 heures, 89 kilomètres peinards et assez plats pour un parcours de transition, donc.


Soirée de repos à Horasan où je rencontre un ex-travailleur émigré dans le Morbihan qui provoque un de ses compères en me répétant que celui-ci est lepéniste et n'aime pas les étrangers (!?*%&).


Ce dimanche aura vu revenir le vrai beau temps gâché cependant vers 16 heures par une grosse averse orageuse. On s'éloigne de la Turquie finalement assez riche (dans son ensemble évidemment car les villages traversés semblent parfois assez pauvres et ce ne sont pas les mendiant(e)s qui manquent dans les grandes villes) du plateau anatolien pour se rapprocher de l'Iran: on nous dit d'ailleurs que l'on parle ici le même dialecte qu'à Tabriz. 109 kilomètres le long d'une rivière boueuse et pleine à ras-bord qui descend dans des gorges et des défilés superbes sous le soleil.

Ce soir on est à Kagizman (le "g" ne se prononce pas) après un départ vers 8 heures et une arrivée vers 16 heures 30: une transition là aussi.

On a du descendre depuis Erzurum de 1900 à 1200 et il faudra remonter après-demain jusqu'à plus de 2300 mètres d'altitude. Mais la température s'est déjà nettement améliorée.

Nous sommes à 2 étapes et demi de l'Iran où rien ne peut se passer (je parle de politique) de bien grave avant la réunion du conseil de sécurité de l'ONU le 9 et où, ensuite la surenchère des USA pour forcer l'Europe à agir contre l'Iran devrait quand même être ralentie par la Russie et la Chine qui se fournissent en Iran et peut-être aussi par la volonté politique de l'Europe de rester dans le cadre multilatéral de l'ONU. On verra bien si on a le temps de traverser le pays avant que la crise s'aggrave (si elle le fait un jour...).


Au passage je remercie Didier Garcia pour ses remerciements (et lui rappelle que je m'appelle Pierre-André), Guy, Elisabeth, Jacquot et Bianchi Verde pour leurs encouragements je rassure Jérome et Nadine en leur disant que si ma barbe pousse c'est parce que j'ai choisi d'avoir la flemme de me raser et tant pis (mieux) pour l'effet que ça peut provoquer et je salue Francois Rieu et les CTA(lbertvillois).

Pierre-André

Jeudi 04 mai


Dernières nouvelles de Turquie... et premières d'Iran

Nous sommes passés ce matin jeudi 04 mai en Iran mais j'en termine auparavant avec la Turquie:


Le mardi 02 mai nous sommes partis d'Igdir pour monter au premier col le Pamuk Gedigi Geçidi à 1650 mètres d'altitude sur les flancs du Mont Ararat: 15 kilomètres très réguliers et bien pentus, une dernière fois dans ce pays. De bout en bout on pouvait admirer la neige du Mont Ararat malgré le temps assez couvert. Dans la descente sur Dogubayazit on constate que le deuxième col à 2300 mètres qui figure sur la carte est en dehors de l'itinéraire: toujours ça de plus en moins...

Au dernier village 4 enfants-bergers me barrent la route (comme souvent depuis quelques jours) et je finis par être obligé de m'arrêter.

Impossible de repartir: le plus agé (14 ans?) me réclame de l'argent ("money, money") et s'accroche à mes bagages pour m'empêcher de filer bien que je sois ferme sur le refus du racket.

Une voiture arrivant à l'horizon, je réussis à filer en faisant un maximum de scandale vocal. La voiture s'arrête 500 mètres plus loin et ses passagers me proposent de m'embarquer.

Je refuse mais 2 kilomètres plus loin devant le poste de la jandarma je suis attendu par l'armée turque, les gens de la Mercedes l'ayant avertie. On m'offre un siège au bord de la route puis un verre d'eau puis - il est midi - on m'emmène à la cantine où on me sert un plateau pendant qu'une automitrailleuse va chercher les 4 jeunes et que les infos remontent la voie hiérarchique.

Finalement je prends le thé pendant 1 heure dans le bureau du commandant de la place: "ce n'est pas un Turc, c'est un Kurde", me dit-il. C'est vrai que l'armée est de plus en plus présente depuis quelques jours (surtout pour s'occuper des Kurdes et peut-être un peu aussi actuellement à cause de la montée de la tension internationale avec l'Iran).

Comme je refuse de porter plainte et d'aller au tribunal, le commandant demande au jeune de me "demander pardon" (le commandant parle un peu français et dispose d'un dictionnaire de notre langue).

Comme quoi on peut être vite rattrapé par la politique même en vélo...


Le mercredi 03 mai nous sommes restés à Dogubayazit, les calculs nous indiquant qu'il était trop tôt pour entrer en Iran: installés au camping Murat nous visitons le "Ishak Pacha Sarayi" (grenier à victuaille et bien joli sérail d'un pacha du XVIIIème siècle).

Les lessives et autres échanges de devises nous occupent bien pour le reste de la journée.


C'est donc le moment du bilan du mois passé en Turquie: 1900 kilomètres de vélo soit près de 90 kilomètres par jour en moyenne en comptant les jours où on a roulé (dont au moins 2 sur la demi-journée seulement) où on a pu éviter la circulation et faire des routes montagneuses parfois un peu rudes mais, dans l'ensemble on s'en est vraiment bien sortis. De plus on a pu faire beaucoup de visites de sites historiques et ça n'était pas forcément si simple au départ. Grosse satisfaction donc malgré l'incident de dernière minute!